STC
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Posté le: Lun Déc 22, 2008 9:22 am Sujet du message: Sale temps pour les poissons migrateurs |
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http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/453756/mil/3951060.html
Sud-Ouest - Lundi 22 Décembre 2008
RÉCHAUFFEMENT. L'ingénieur Géraldine Lassalle estime qu'en 2100 le saumon aura totalement disparu du Sud-Ouest
Sale temps pour les poissons migrateurs
Géraldine Lassalle devant l'aquarium à mulets porcs du Cemagref de Bordeaux, les grands gagnants du réchauffement climatique. (PHOTO ALEXANDRE SIOC'hAN DE KERSABIEC)
Aimez-vous l'alose feinte et le mulet porc ? Non ? Alors il faut s'y préparer. Ces deux espèces de poissons migrateurs européens apparaissent comme les grandes gagnantes d'un réchauffement climatique de 3,4 o à l'horizon 2100. En revanche, aucune illusion sur le saumon atlantique : encore présent dans la Loire, il aura disparu des fleuves et rivières des systèmes Adour, Garonne et Dordogne.
C'est ce qui ressort des travaux menés durant trois ans par Géraldine Lassalle, ingénieur de recherche au Cemagref (1) de Bordeaux, dont les actions du commandant Cousteau et Nicolas Hulot ont influencé la carrière. Ils s'inscrivent dans le cadre d'une thèse que cette Girondine de 26 ans vient de boucler, intitulée « Impact des changements globaux sur la distribution des poissons migrateurs » (2).
Depuis 1900
Pourquoi un réchauffement de 3,4 o ? « Cela correspond à l'augmentation de la température moyenne à la fin du XXIe siècle par rapport à la fin du XXe envisagée dans un des quatre scénarios du Giec » (3), explique la jeune femme. « Il s'agit du scénario A2, qui repose sur l'évolution des gaz à effet de serre constatée depuis 2000. »
Pour mieux se projeter jusqu'en 2100, Géraldine Lassalle est partie de loin. De l'an 1900, précisément, « période encore relativement préservée des activités humaines ». Elle a listé et examiné 196 bassins versants et 28 espèces de migrateurs réparties sur l'ensemble de l'Europe, dont l'aire s'élargit également à l'Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Puis elle a avancé dans le temps, à la loupe de trois critères principaux : longitude à l'embouchure, superficie du bassin versant et température annuelle. Au bout du voyage, elle constate que « l'aire de distribution se contracte pour la majorité des espèces observées » du seul fait de l'élévation de la température.
Des plans à revoir
S'agissant du saumon (4), l'affaire est déjà en marche. Présent en 1900 sur toute la façade atlantique depuis le sud de l'Espagne jusqu'à la Norvège, sa limite sud est aujourd'hui remontée au nord du Portugal. « Chez nous, constate-t-elle, l'Adour, la Nive et la Nivelle sont encore satisfaits de leurs stocks, mais ils diminuent malgré l'alevinage et la reproduction artificielle. »
L'une des conclusions fortes que Géraldine Lassalle tire de son travail est que le réchauffement est de nature à remettre en cause certaines pratiques de gestion des espèces. « On s'est rendu compte que les plans de conservation et restauration voulant revenir vers une référence historique ne fonctionneraient pas dans un contexte de changement climatique. »
Elle donne pour exemple le cas de la grande alose au Maroc. « Présente en 1900, elle a disparu vers 1950 à cause des grands barrages. Des gestionnaires de bassin voulaient la réintroduire, mais ils reconsidèrent leur approche car l'élévation de la température ne le permettra pas. Trop chaud. »
Saumon en détresse
Dès lors, quelle alternative pour le saumon ? « Nous pensons qu'il va falloir passer à autre chose que des plans de restauration. Peut-être plus d'artificialisation en le maintenant une partie de l'année en milieu froid, à une sorte d'entre-deux entre l'élevage et le milieu naturel. » Les gestionnaires de bassins versants, mais aussi les producteurs d'hydroélectricité, sont, estime-t-elle, « très attentifs à ces projections ». Dans ce scénario, la truite de mer disparaîtrait aussi du Sud-Ouest tandis que le flet (à ne pas confondre avec le flétan) verrait sa limite sud remonter à la Charente.
En revanche, tout va bien pour l'alose feinte et le mulet porc, qui gagneraient de nouveaux territoires. En 2100, ce dernier aurait progressé de 450 kilomètres par rapport à sa limite nord de 1900, l'Angleterre.
(1) Le Cemagref est un institut de recherche pour l'ingénierie de l'agriculture et de l'environnement.
(2) Sous la direction d'Éric Rochart, cette thèse a été financée par l'Agence de l'eau Adour-Garonne, l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques ainsi que le ministère de l'Écologie et du développement durable, dans le cadre d'un programme Gestion et impact des changements climatiques.
(3) Groupe d'experts internationaux se préoccupant de l'évolution du climat.
(4) L'anguille, l'esturgeon et la grande alose, inclus dans les 28 espèces considérées, font par ailleurs l'objet d'études spécifiques au sein du Cemagref.
Auteur : JACQUES RIPOCHE _________________ mon Blog "pêche et nature" : http://stcalapeche.blogspot.com/
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