LE FLOAT-TUBE,

UN USTENTILE INDISPENSABLE POUR LES TRAQUEURS DE CARNASSIERS

 

Le float tube est considéré pour beaucoup comme un ustensile réservé pour pratiquer la pêche en réservoir et en petit lac. Détrompez-vous! Il peut-être employé également sur les rivières à grand gabarit.
Il faut cependant respecter certaines règles de sécurité pour que la partie de pêche se déroule en toute quiétude.
Pour pratiquer en fleuves, sur les zones à turbulences c’est un moyen de déplacement idéal.
Avec le sens de l’observation et une certaine habitude, vous pouvez trouver facilement les postes à sandres sans écho-sondeur, en vous positionnant dans les contre-courants et les meuilles que vous ressentez en palmant…


Une expérience vieille de dix ans

Mes premières pêches en float tube ont démarré dès 1995 sur le silure.
A l’époque, étant le premier en Europe à avoir capturé avec ce système de locomotion des poissons de plus de deux mètres dans des fleuves à grand gabarit comme le Rhône, j’étais considéré comme un fou pêchant.

La pêche se pratiquait dans un float tube de forme circulaire, au lancer à la cuiller ondulante sur des fosses de 10 à 15 m.
Lorsque le poisson était ferré, la plupart du temps il se mettait à tourner à l’intérieur de la fosse.
Avec les cannes à lancer paraboliques de l’époque, impossible d’être maître de la situation, le poisson menait le jeu.
Ma première prise a été assez épique, car ayant mon frein trop serré, j’ai fait le canard en me retournant avec le silure qui me tirait en milieu du chenal.
Par la suite j’ai amélioré la technique en utilisant des cannes plus courtes pour la pêche à la verticale au clonck.
Le bras de levier étant moins long, les captures se faisaient dans des temps records en bridant le poisson au maximum.
Je prenais la position du skieur en repliant légèrement les jambes, la promenade était assurée.
Là avec Thibault, mon premier camarade de jeu, nous avons vécu des moments intenses.
Le float tube nous a permis de comprendre le déplacement du silure vers sa proie.

Mes 1ers gros, il y a 10 ans
Nous faisions corps avec l’eau, nous percevions à travers le float tube les ondes de chocs émis par les silures qui arrivaient en direction du clonck pour engamer les vers qui s’agitaient à proximité.
Les touches étaient toujours très brutales, nous étions ravis.
Par temps calme et sans vent, nous distinguions facilement l’approche des silures trahie par des petits chapelets de bulles.
Les nombreuses sorties m’ont fait évoluer, par la suite j’ai commencé à appliquer cette technique d’approche, en fleuve sur le sandre qui est comme vous le savez mon carnassier de prédilection.
Je ne dédaigne pas non plus le brochet, mais les captures sont beaucoup plus rares dans notre région.
Une petite anecdote cependant, m’est arrivé un jour avec un brochet de 4 kg qui m’a donné beaucoup de fil à retordre : le poisson très nerveux, piqué en bout de gueule finit par une chandelle en venant s’accrocher tout en s’agitant, le triple de la monture sur le col de ma chemise, j’ai ce jour là eu beaucoup de chance…
Les pêches de gros sandres au manier se sont enchaînées au fil des années.
Les touches violentes à la verticale des palmes ont laissé des souvenirs ancrés au plus profonds de mes pensées.
Cette pêche, je la pratique tout au cours de l’année en m’intégrant parfaitement au biotope, je ne peux désormais plus m’en passer.

Un moyen de déplacement très rapide : le float power

Là encore en me tournant vers les USA, j’ai trouvé ce système révolutionnaire à mes yeux, il y a 8 ans alors que le float tube en était encore à son balbutiement, chez nous à l’époque, seuls quelques invétérés pratiquait l’activité en plan d’eau fermé.
Je me suis vraiment éclaté pendant de longues années sans jamais voir quelqu’un d’autre motorisé, on me prenait pour un fou pêchant….
Ce système supporte une petite batterie de voiture qui alimente un moteur électrique de petite puissance.
Avec ce système, j’avançais à la vitesse d’une petite barque.

Le float tube en V, les avantages

Les premiers float tube en V sont apparus en France vers 1998, J.M. Chignard a été le premier à les importer.
Innovateur et très curieux des nouveautés, Thibault en a acheté un.
A la suite d’un seul essai, il m’a convaincu des nombreux avantages de ce modèle, j’ai tout de suite opté pour ce nouveau produit


Float tube d'une autre époque

Float tube en V, un plus

Le matériel actuel

La stabilité du V est surprenante, impossible de se renverser vers l’avant, même avec un gros poisson.
Les déplacements d’un poste à un autre sont deux fois plus rapides qu’auparavant.
La forme en pointe, aérodynamique, entre dans l’eau sans contrainte avec un minimum de frottement.
Les poches latérales sont grandes, elles permettent au pêcheur de transporter du petit matériel sans le mouiller car elles sont placées en hauteur sur les boudins.
A plusieurs reprises, j’ai embarqué mon appareil photo en le rangeant dans la partie supérieure sous le repose tête.
Le siège est confortable, la sangle entre les jambes, rattachée à la barre latérale va vous empêcher de glisser vers l’avant.
Une petite amélioration de votre part est toutefois nécessaire pour vous laisser les mains libres pendant les déplacements.


Le support canne

Dans les premiers temps d’utilisation de cette série, nous posions notre canne sur la barre transversale et coincions le talon sous l’attache du filet pendant les petits déplacements.
Mais maintes fois nous avons failli perdre notre matériel en palmant dans les courants.
Par la suite j’ai fixé un support de canne du côté droit après l’avoir percé et cousu sur l’angle du filet.
Mais l’adaptation n’était pas optimum, la pointe de canne trempait en permanence dans l’eau.
J’ai trouvé un très bon équilibre par la suite, là encore grâce à mon camarade, en fixant une plombée de 300 gr sur l’anneau du filet en contre-poids.
Après cette petite modification, la canne reste la pointe en l’air.
Les petits et grands déplacements se font désormais sans le souci de maintenir ou de surveiller en permanence la canne.


Choisissez un vivier peu encombrant

Le choix du vivier est un critère important car si celui-ci est encombrant, vous ne serez pas opérationnel pendant votre action de pêche.
J’ai trouvé un modèle d’une contenance d’un litre ou je peux loger une douzaine de vifs.
Le couvercle étanche à pas de vis me permet une fois fermé de poser le vivier à plat sur le filet du float tube sans que celui-ci ne se vide et ne me gène dans mes mouvements.
L’été pour garder mes vifs fermes et en très bonne santé pendant toute l’action de pêche, je refroidis l’eau avec des glaçons afin de limiter la consommation d’oxygène.

la canne au manier

La canne doit avoir une action de pointe et doit être nerveuse.
Sa longueur est de 2,50 à 2,70 m.
Le porte moulinet est choisi avec des pattes de fixation amovibles afin de positionner le moulinet à seulement 15 à 20 cm du talon de la canne.
En effet dans cette position, vous ne serez pas obligé de lever les bras pour manier et éviter la barre transversale.
Les cannes à porte moulinet fixe dont les bagues se coincent avec un pas de vis sont à proscrire. Le moulinet se retrouve une fois bloqué sur la canne, positionné beaucoup trop haut, le talon dépasse de votre coude, vous raterez des poissons au ferrage.


Comment vous déplacer avec les palmes ?

Mes premiers modèles de palmes étaient relativement courts, je devais fournir de gros efforts pour me déplacer.
Les crampes dans les mollets par eau très froide étaient monnaie courante.
Ma façon de palmer a changé depuis de nombreuses années.
J’utilise désormais des palmes plus longues que je chausse sur les waders.
Pour les petits déplacements dans l’eau vive où il faut passer l’obstacle au plus vite, j’ai pour habitude de mettre ma tête vers l’arrière en m’appuyant sur les deux boudins avec mes mains, en tendant mes bras afin de sortir mon corps au maximum de l’eau.
Je raidis mes jambes et exécute des ciseaux comme pour le crawl, ces déplacements sont courts et rapides.
Pour les longs déplacements, je me sers des courants et des contre courants pour me fatiguer le moins possible.
Les pauses sont en principe réalisées entre deux courants sur les zones arrêtées.
Pendant ces déplacements, l’angle formé entre mes jambes et mon corps est d’environ 135°, la masse d’eau brassée est plus importante, les mouvements des jambes sont plus longs.

L’ancre
L’ancre repliable est optimale pour les fonds de sable et de gravier.
Elle est rangée avant le départ dans une des deux poches latérales.
Choisissez la poche qui correspond au côté où vous allez être ancré.
La corde est soigneusement positionnée sous l’ancre et elle est enroulée proprement dans la poche, ceci afin d’éviter les embrouilles lors du premier placement sur un poste.
Pour les fonds encombrés de grosses roches, utilisez un poids de marché de 5 kg
Si vous ne disposez pas de poids léger, une pierre rectangulaire de 3 à 4 kg peut faire l’affaire pour vous dépanner.
Ne la choisissez pas avec des angles saillants.
Attention pendant les déplacements, posez la délicatement sur le flotteur afin de ne pas endommager le float tube.


Le positionnement précis

Pour un positionnement précis, visualisez l’endroit où les courants se rejoignent, puis posez l’ancre en amont du présumé poste.
Evitez par sécurité de vous ancrez dans des courants droits et violents car l’ancre risquerait de se coincer en glissant sous un rocher.
Ayez toujours sur vous un couteau à lame repliable pour couper la corde dans un cas
extrême.


L’action de pêche

Une fois ancré, vous aurez tendance à tourner en fonction des axes de pêche choisis.
Vos palmes vont vous servir de points d’appui afin de maintenir stabilisé le float tube dans une position précise.
Il est nécessaire quelquefois de palmer légèrement lorsque vous pêchez face à un courant pour vous maintenir droit.
Vous pouvez changer la position de la corde sur le float tube chaque fois que vous tournez sur vous-même afin d’exploiter le poste qui se trouvait dans votre dos à votre arrivée.
Faites glisser la corde sur le boudin et exécutez tout simplement votre demi-tour.
Vous pouvez dans un float tube, balayer à 360° dans tous les axes, sans pour cela déplacer le poids d’un centimètre.
N’oubliez pas que vous êtes à moitié enfoncé dans l’eau, vos avant-bras sont en contrebas de la barre transversale.
Votre vision est différente par rapport à une pêche en bateau, vos yeux sont plus près de la surface de l’eau, vous allez être plus sensible à tous les indices de la surface : frissonnement de l’eau, petites bulles, saut de poisson, etc..
Votre canne est également plus proche de la surface, vous aurez moins de prise au vent avec la bannière de la tresse.

Le ferrage

Attention à votre ferrage, l’angle de la canne doit s’ouvrir au maximum, vos bras sont très bas par rapport à la surface de l’eau, votre marche de manœuvre est courte.

Pour donner de l’amplitude à votre ferrage afin de faire rentrer l’hameçon au plus profond des cartilages, pensez après chaque touche à décoller vos avant-bras.

Positionnez votre tête et vos épaules en arrière pour dégager vos avant-bras et ferrez en levant la canne au plus haut, afin d’augmenter au maximum la distance entre la tresse et la surface de l’eau.
Ce mouvement est assez facile à acquérir, bien exécuté, vous limiterez le nombre de loupés.

La capture

Il est indispensable lorsque vous ramenez votre poisson de le travailler à l’aplomb en le maintenant toujours à une distance raisonnable du float tube.
Soyez vigilant en gardant toujours votre tresse tendue et votre frein réglé suffisamment dur pour que le poisson ne parte pas dans vos palmes sur un rush puissant.
Un incident est très vite arrivé pendant une seconde d’inattention, lorsque vous avez un sandre au bout de la canne qui s’enroule dans la boucle de votre palme ce n’est pas grave, si c’est un silure de 2 mètres, cherchez très vite votre couteau…

Il est facile d’attraper les sandres à la main car vous êtes très bas sur l’eau.
J’ai trouvé une très bonne technique pour saisir les gros spécimens, silures et gros brochets.
Je les emmène entre le V de mes jambes et les coince avec mes genoux très fermement pour les bloquer derrière la tête.
Une fois le contact établi, généralement, tout se passe très bien, ne relâchez pas la tension, le poisson arrête de bouger, posez la canne dans le support.
Il ne reste plus qu’à saisir le silure par la mandibule inférieure avec les deux pouces. Il s’agit de la prise du waller-guff.
Pour un gros sandre ou un brochet, saisissez le autour de la tête avec les deux mains.
Mais attention là encore, si le poisson s’échappe, il faut être réactif et reprendre la canne au plus vite, car le combat risque de durer surtout si le poisson sonde.
Attention également lorsque le leurre est sur le bord de la gueule du carnassier et que celui-ci vient taper contre le float tube, écartez-le au plus vite en positionnant votre canne horizontalement par rapport à l’eau, bras tendus.

Quelques recommandations

Il est indispensable de partir à deux si vous êtes novice, deux paires d’yeux valent mieux qu’une.
Attention aux bateaux dans le chenal des fleuves, ils ne vont ont pas forcément vu, certains ne se déplaceront pas, quoiqu’il en soit arrêtez de pêcher et écartez-vous très vite du chenal afin de leur laisser le passage.
Attention derrière les piles de pont vous n’avez aucune visibilité.
Ayez toujours un œil sur l’eau lorsque vous êtes en action de pêche, n’hésitez pas à faire un 360°.


Une pêche de passionnés
L’air froid du matin a tendance à dégonfler le float tube, vérifiez avant chaque partie de pêche la pression, la majorité des modèles se gonflent facilement à la bouche.

Faite un contrôle du matériel avant votre départ, une fois sur l’eau, il est trop tard.

Il est courant d’attraper des crampes en float tube, prenez votre mal en patience et reposez- vous quelques instants en arrêtant de palmer, même si vous êtes au milieu du fleuve, surtout pas d’affolement, restez zen.

Crème solaire, casquette, lunettes et bouteille d’eau sont indispensables en plein été.
La bouteille d’eau se loge aisément dans la poche de l’appuie tête.

Le float tube m’a apporté des moments de bonheur intense, désormais avec toutes ces années de pratique, il me permet d’aller seul, de partout, même dans les plus grands fleuves.
Sans une solide expérience, ne vous risquez surtout jamais seul dans les fort courants car un accident est très vite arrivé, bonne pêche à tous.

Marc ROIRON