La sécheresse de cette année a porté des atteintes dont la nature française se serait bien gardée. Ainsi nos forets déjà blessées gravement par la tempête de 1999 encaissent un nouveau coup meurtrier avec la canicule de cet été ; c’est tout un équilibre indispensable à notre vie qui est mis à mal.

Nos rivières sont meurtries, la faune et la flore piscicole ne sont pas dans leurs meilleures formes. En bien des endroits, l’eau, la vie s’est retirée, ne laissant place qu’à la mort. Les pêcheurs ont souvent réagi comme ils le pouvaient pour tenter de sauver ce qu’il était encore possible de sauver, mais la pénurie d’eau n’a pas empêché l’agriculture de continuer à pomper dans rivières et nappes… L’eau est précieuse et on la gaspille, on la meurtrit, on la pourrit : assèchement par ici, drainage sans stockage, irrigation irresponsable ailleurs, pollution et rejets un peu partout.. Au nom de quoi et pour qui acceptons nous de sauver ou doper des cultures de maïs ou autres, sur l’holocauste des poissons et du milieu. Je sais, je m’en prends au monde agricole, rassurez-vous, les autres auront leur tour. Car il y en a marre, cela ne peut pas durer, c’est inadmissible, l’industrie agricole ne doit plus pouvoir faire n’importe quoi, et les agriculteurs doivent comprendre que nous n’excusons plus de tels écarts tolérés dans un monde de profits auquel ils participent bien que mal, alors que des solutions agronomes acceptables existent.

Certaines cultures ont besoin d’eau plus que d’autres, comme le maïs, mais ces cultures ne devraient pas toujours trouver leur place dans des régions où la pluviométrie annuelle est largement déficiente par rapport au besoin de la plante. Alors au nom du rendement maximum, on arrose et je n’ai rien contre mais, à condition que l’eau redistribuée lorsque l’on en manque soit de l’eau stockée lorsqu’il y en a de trop… L’eau des rivières et des nappes est à nous tous, et nous devrions continuer d’accepter que certains en boivent plus que d’autres au point de faire mourir milieu, faune et flore ?

Le temps n’est plus forcément aux précautions de langage pour ne pas déplaire ou heurter, mais à la réalité de la prise de conscience de la fragilité de nos écosystèmes ainsi qu’à notre détermination à ce que l’absurde qui tue meurt. Que nos élus se bougent, qu’ils fassent travailler leurs génies ruraux ; c’est tout de même pas compliqué de creuser des fosses pour stocker des eaux de drainages et de ruissellement, ou de les remplir par pompages en saison d’abondance. L’agriculture et ses acteurs n’ont plus d’excuses et nous ne devons plus accepter l’inacceptable. Les forêts brûlent, cela se voit, c’est médiatique, les eaux crèvent et le poisson meurt, les gens s’en fichent, mais en terme de catastrophes, qu’elle différence y a t’il vraiment entre l’incendiaire coupable de blesser à mort une forêt et une agriculture qui saccage nos rivières et pollue les ressources en eau potable de plusieurs générations .

C’est à nous pêcheurs, s’il le faut, de monter en ligne, et si les élus, les techniciens et autres ingénieurs agronomes, ainsi que les agriculteurs eux-mêmes ne comprennent pas cela ou font durer le plaisir, et bien à défaut d’être entendu, qu’ils n’oublient pas que l’eau coule tant que personne ne l’empêche de couler. L’eau est précieuse et nous pêcheurs en connaissons sa valeur , et si l’agriculteur veille au grain, qu’il sache désormais que nous, nous veillons sur elle.

Eric